09 décembre 2024 -IAM, News
Hugues Chevalier, Economist
Le 1er décembre dernier, Carlos Tavares , directeur du groupe Stellantis depuis 2014, à l’origine de la constitution du 3e groupe mondial avec le regroupement des groupes PSA, FIAT Chrysler et Opel, a démissionné. Voici une nouvelle illustration des difficultés du secteur automobile en Europe. L’annonce le 30 septembre dernier d’un avertissement sur résultat, avec un net recul des marges, a non seulement plombé le cours boursier de l’action Stellantis (-40% depuis le début de l’année), mais confirme que l’ensemble du secteur traverse une période critique en Europe. En effet, celui-ci est affecté par une demande européenne qui reste en-dessous des attentes, par une chute des ventes en Chine et, surtout, par un virage à la motorisation électrique complètement raté. Le groupe Volkswagen, le plus grand en Europe, n’est pas en reste avec l’annonce de la fermeture de trois usines en Allemagne, une première depuis plus de 50 ans. Le marché européen est certes à la peine, avec des niveaux d’immatriculation bas, mais cela n’explique pas tous les problèmes. Le modèle du véhicule thermique avec une chaîne de production intégrée contrôlée par le « centre » n’est pas adapté pour la motorisation électrique. D’abord la production et la technologie des batteries ne sont pas gérées en Europe et les tentatives de créer des géants européens dans ce secteur sont un échec, à l’image de la débâcle du suédois Northvolt (dont les principaux clients étaient Volkswagen et BMW). Les constructeurs européens doivent donc se tourner vers des fabricants « étrangers » (chinois) pour l’approvisionnement des batteries. Par ailleurs, le véhicule électrique nécessite des logiciels totalement différents du véhicule thermique. Là encore, les tentatives européennes sont un désastre, car le secteur du logiciel ne peut pas être organisé sur le modèle industriel intégré. Les constructeurs européens font donc désormais appel à des prestataires américains (VW) ou chinois pour résoudre ce problème clé. Pendant ce temps, les marques chinoises ou américaines n’ont pas attendu et inondent désormais le marché européen avec leurs véhicules faisant perdre des parts de marché aux européens. La mise en place de droits de douane supplémentaires par la Commission européenne pour les véhicules électriques chinois n’est qu’un répit de courte durée. Le business model des constructeurs européens doit être complètement revu sans quoi la débâcle ne s’arrêtera pas.