28 octobre 2024 -IAM, News
Hugues Chevalier, Economist
Au lendemain de la présentation du budget 2025 par le nouveau gouvernent Barnier, l’agence de notation Fitch a certes maintenu la note de AA- pour la France, mais avec une perspective négative. Cela fait suite à une dérive des comptes publics ces derniers mois. En effet, alors que le budget établi fin 2023 prévoyait un déficit de 4.4% pour cette année, les dernières projections font état d’un déficit de 6.1% du PIB, soit près de 2 points de PIB supplémentaires. En outre, la dette publique ressortirait à 112.9% du PIB, en hausse de 3 points par rapport à 2023, et augmenterait encore en 2025 à 115%, plaçant l’hexagone parmi les pays les plus endettés après la Grèce et l’Italie. Depuis le début de la présidence Macron, la dette publique a augmenté de 1’000 milliards d’euros. La dégradation des comptes publics a entraîné une hausse des taux d’intérêt de la dette souveraine qui ressortent désormais à un niveau supérieur à ceux de l’Espagne et du Portugal. Comment en est-on arrivé là ? Depuis 2020, les dépenses publiques ont pourtant reculé, passant de 61.7% à 56.8% du PIB (ce qui reste élevé au regard de la moyenne de la zone euro). En réalité, depuis le début de l’année, ce sont les recettes publiques qui se sont effondrées à la suite des baisses d’impôts et d’une stagnation de la consommation (qui génère la TVA, principal impôt en France). Pour stopper cette dérive (et éviter une crise de la dette), le budget 2025, présenté le 10 octobre dernier, prévoit un paquet fiscal de 60 milliards d’euros, soit 2% du PIB, dont 40 milliards environ de dépenses en moins et 20 milliards de prélèvements supplémentaires. La Cour des comptes estime que, à la lecture de ce budget, l’effort viendrait essentiellement d’impôts supplémentaires et moins d’une réduction des dépenses. Par ailleurs, les hypothèses du budget présenté par le gouvernement reposent sur une croissance économique de 1.1%. Or, il est déjà évident qu’avec un choc fiscal de cette ampleur la croissance du PIB devrait être divisée par deux, à 0.5% seulement, un des taux les plus faibles en Europe. La consommation des ménages devrait reculer, tout comme l’investissement. Si le rythme de la croissance mondiale est moins vigoureux que prévu, la France pourrait plonger en récession. La fête est donc vraiment terminée.