06 juillet 2021 -IAM, News
Hugues Chevalier, Economist
On observe ces dernières semaines une véritable explosion du prix du gaz dans le monde et plus particulièrement en Europe, ce qui affecte surtout les industriels. Le prix du pétrole est bien remonté ces derniers mois, à près de 74 dollars le baril, mais l’amplitude de sa hausse est nettement plus faible. Mais ce qui se passe sur le marché du gaz est différent. Les prix ont dépassé, la semaine dernière, les 30 euros le mWh sur le marché de gros de référence aux Pays-Bas, au plus haut depuis 2008. La flambée de ces prix renchérit les coûts de production, en particulier dans le secteur agro-alimentaire, gros consommateur de gaz. Cette hausse est due à plusieurs facteurs. Premièrement, l’hiver 2021 a été froid et surtout plus long que la moyenne, de sorte que la demande a été supérieure de près de 15% sur les cinq premiers mois de l’année par rapport à 2020. Les stocks, qui ont été mis à contribution l’hiver dernier, doivent être désormais reconstitués ce qui tire la demande actuelle. Par ailleurs, la demande chinoise ne cesse de s’accroître (la Chine est devenue le premier importateur mondial de gaz) ce qui tire également les prix à la hausse. Du côté de la production, la Norvège a cessé la production de gaz liquéfié dans son unité de GNL au nord du cercle polaire par suite d’un incendie. Enfin, la Russie, qui assure 40% des importations européennes, limite, pour l’instant, ses exportations via les gazoducs qui passent par l’Ukraine pour arriver en « force » avec l’ouverture du gazoduc controversé Nord Stream 2 à la fin de cette année. Le maintien des prix du gaz à ces niveaux n’est évidemment pas extrapolable à moyen terme et dépendra du niveau de la consommation de l’hiver prochain et de la date de la mise en service du nouveau gazoduc dans la Baltique.