08 mai 2023 -IAM, News
Hugues Chevalier, Economist
L’endettement public, qui était est passé au second plan depuis la crise sanitaire, revient par la grande porte. En effet, le 28 avril dernier, l’agence de notation Fitch a dégradé d’un point la dette souveraine de la France à AA-, ce qui provoque un véritable coup de semonce pour l’ensemble des dettes souveraines européennes. L’agence estime que la trajectoire de la dette publique française (111.6% du PIB en 2022 ou 2950 milliards d’euros), la faible croissance économique, le déficit public actuel (déficit prévu en 2023 de 5% du PIB) et les blocages politiques de l’hexagone augmentent le risque associé à la dette souveraine. L’abaissement de la note de la France est peut-être un prélude à une dégradation de la dette de plusieurs pays de la zone euro confrontés à des problèmes similaires, à savoir une augmentation du coût de la dette en raison de la hausse des taux d’intérêt par la Banque centrale européenne et la dérive des finances publiques après l’épisode du « quoi qu’il en coûte » lors de la crise du Covid. Par ailleurs, alors que les pays de la zone euro doivent présenter le 3 mai à Bruxelles leurs prévisions dans le cadre du cadre du programme de stabilité, Fitch met en avant que la dette publique française devrait ressortir à 114.3% du PIB en 2027, et non à 108.3% comme le prévoit le gouvernement. La capacité d’emprunt de la France n’est évidemment pas remise en question, mais son coût sera supérieur à la suite de la dégradation de sa note. Et on ne voit pas comment le gouvernement français pourra financer les baisses d’impôts qu’il a annoncées pour les « classes moyennes » sans compromettre encore d’avantage ses finances publiques. Dans tous les cas, la baisse de la note de la France est un rappel à tous les pays européens que les dépenses « sans compter » de ces dernières années sont terminées et qu’il faut désormais réduire son train de vie.