03 février 2025 -IAM, News
Hugues Chevalier, Economist
La brusque remontée des rendements des emprunts d’Etat sur les trois principaux marchés mondiaux (américain, européen et britannique) est la mauvaise surprise depuis le début de l’année. Cette remontée va compliquer la tâche des banques centrales et des gouvernements, en particulier ceux dont les Etats sont fortement endettés. Le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans a atteint, le 8 janvier dernier, le niveau de 4.78%, son plus haut depuis octobre 2023 et son pendant français, l’OAT (obligations assimilables du Trésor) a dépassé 3.4%, au-dessus du niveau qui a fait suite à la dissolution de l’Assemblée Nationale en juillet dernier. Sur le marché britannique de la dette britannique, la hausse a été encore plus forte avec un niveau de 4.8% pour le rendement des obligations à 10 ans, son plus haut niveau depuis 2008. Ces mouvements de hausse sont complètement inhabituels, car ils se produisent dans un contexte de baisse des taux directeurs par les banques centrales dans les mêmes zones (Amérique du Nord et Europe). Ces hausses sont dues à un ensemble de facteurs qui se sont accumulés : changement drastique de politique économique aux Etats-Unis, dérapage des déficits publics en Europe, accroissement de la dette publique et hausse des anticipations d’inflation. Le premier facteur à l’origine de la hausse des taux longs est donc la déclaration par les Etats-Unis d’une situation d’urgence économique pour mettre en place de manière accélérée de nouveaux droits de douane. L’introduction de ces nouveaux droits de douane (60% pour les importations de Chine, 25% pour celle du Canada et du Mexique et 20% sur celles du reste du monde) aura comme conséquence une hausse des prix des biens importés pour les consommateurs américains. Le coût estimé par le Boston Consulting Group est colossal et ressort à 640 milliards de dollars, ce qui va tirer à la hausse l’inflation. Ensuite, les émissions de ces derniers jours battent des records avec plus de deux journées avec des émissions proches de 35 milliards dans la deuxième semaine de janvier en Europe. Face à ces émissions record, deux pays en particulier ont vu leur « risque » remonter, à savoir la France et le Royaume-Uni. Enfin, Le 1er janvier dernier, la Banque centrale européenne (BCE) a complètement cessé de racheter des obligations européennes. Selon les calculs de Goldman Sachs, l’arrêt de ces rachats est responsable d’une hausse des taux de 0.7 point des taux obligataires dans la zone euro.