Allemagne, le nouveau malade européen?

Les principaux instituts de conjoncture économiques allemands ont publié leurs prévisions semestrielles et ce n’est pas brillant. En effet, la poursuite de la dégradation de la conjoncture internationale, en particulier celle de plusieurs grands marchés d’exportation (Chine, Corée du Sud, etc.), continue d’affaiblir l’industrie allemande. Par ailleurs, celle-ci, qui avait été très affectée par la forte hausse des prix de l’énergie, n’a pas vu sa production se redresser avec le recul des prix du gaz. Ainsi, dans le secteur de la chimie, la production reste encore à -20% de son niveau d’avant la crise énergétique, en raison de délocalisations massives vers les pays où le prix de l’énergie est inférieur. Selon une enquête d’août de la chambre de commerce et d’industrie, près de 32% des industries prévoyaient ou avaient déjà réalisé une délocalisation. Le secteur de l’automobile est, quant à lui, confronté au retard considérable pris dans l’électrification. Enfin, le secteur de la construction est au plus bas suite à la hausse des taux d’intérêt de ces derniers mois. Cette morosité devrait avoir comme conséquence une contraction du PIB cette année comprise entre 0.4% (prévision IFO) et 0.6% (prévision RWI Essen). Pour soutenir l’économie, le gouvernement propose de subventionner l’électricité pour les entreprises pour un coût de 30 milliards d’ici 2030 pour enrayer les délocalisations. Mais ceci doit être approuvé par Bruxelles et ne fait pas l’unanimité outre-Rhin (pourquoi favoriser un secteur plutôt qu’un autre ?). D’autres propositions moins coûteuses (7 milliards) dans un contexte de « frein à l’endettement » concerne l’amélioration de la compétitivité du pays. Dans tous les cas, le seul espoir d’amélioration à court terme est la consommation des ménages qui devrait rester soutenue grâce aux hausses de salaires conséquentes obtenues par les syndicats et au reflux de l’inflation qui devrait revenir à 2% d’ici 2024.