30 août 2022 -IAM, News
Hugues Chevalier, Economist
Avec la réduction de 60% des livraisons de gaz russe la semaine dernière en Europe, l’Allemagne a activé le deuxième niveau du plan d’urgence énergétique appelé « niveau d’alerte », déclenché en cas de « détérioration » d’approvisionnement. Le volume reçu de gaz en provenance de Russie, via le gazoduc « Nord Stream 1 », a reculé de 40%, mais les fournisseurs gaziers ont compensé cette baisse par des importations supplémentaires en provenance notamment des Pays-Bas et de Norvège. Ce recul a provoqué une nouvelle hausse des prix sur le marché de gros de 30%. Pour éviter toute pénurie, l’objectif des opérateurs et du gouvernement est la poursuite du stockage de gaz de l’ensemble des installations du pays à 80% d’ici octobre et à 90% en décembre. Si ces niveaux de stocks n’étaient pas atteints, le pays pourrait faire face cet hiver à une rupture d’approvisionnement de gaz alors que la majorité des foyers allemands (40 millions) se chauffe avec cette énergie. Pour éviter de se trouver dans cette situation (niveau 3 « niveau d’urgence »), les autorités vont mettre aux enchères le gaz, avec l’objectif de réduire la consommation et allouer les flux disponibles vers les entreprises qui en ont le plus besoin. Si ce plan n’était pas efficace, le régulateur allemand devrait mettre en place des critères pour hiérarchiser les coupures de gaz au cours de l’hiver. La situation est donc particulièrement préoccupante et pourrait générer des arrêts de production dans les secteurs de l’acier, de la pharmacie et dans l’industrie alimentaire avec, évidemment, des effets de cascade sur les autres secteurs d’activité. Pour parer à toute pénurie, le gouvernement a déjà décidé de relancer les centrales thermiques au charbon. Le risque est donc une activité industrielle encore plus perturbée et une croissance économique encore revue à la baisse, qui ne dépasserait pas 1% l’année prochaine.