25 mai 2021 -IAM, News
Hugues Chevalier, Economist
La récession que les pays industriels ont connu ces derniers mois n’est pas typique. En effet, la demande et l’offre se sont effondrées en même temps et brutalement, en particulier lors du printemps 2020. Et surtout, l’industrie n’a pas constitué de stocks car la production s’est arrêtée d’un coup. Par ailleurs, les mesures de protection ont établi des règles très contraignantes dans le trafic de marchandises et tout particulièrement dans le secteur maritime, ce qui ralentit encore les opérations. Avec la levée progressive des mesures de restriction sanitaire dans les pays occidentaux, la demande et le commerce international ont rebondi de manière si vigoureuse que l’offre n’a pu suivre et ne suit toujours pas, d’autant que du côté de l’industrie il n’y a aucun stock. Aux Etats-Unis, les stocks sont au plus bas depuis 1965. Tous les secteurs sont concernés et une pénurie générale s’est installée dans plusieurs secteurs d’activité, empêchant les entreprises de fonctionner normalement. Selon une étude de la Fédération des entreprises internationales de la mécanique et de l’électronique (Ficime), les retards de livraison atteignent entre 6.5 à 12 semaines, pénalisant leur chiffre d’affaires de 7% à 25%. Le transport maritime est particulièrement touché par ce gigantesque chaos. 99.2% des cargos sont utilisés dans le monde selon l’allemand DB Schenker et le voyage entre l’Asie et l’Europe prend 20% plus de temps. Sur la côte ouest des Etats-Unis, la situation est encore pire avec une colonne de près de 100 kilomètres de cargos et portes conteneurs en attente pour décharger dans le port d’Oakland. Le Japon fait exception à cette situation: les stocks sont à des niveaux normaux et les approvisionnements sont moins sous tension. Cela est dû aux conséquences du tremblement de terre de 2011, à la suite duquel beaucoup d’entreprises ont revu leur plan logistique et de fournisseurs. Mais au total, le chaos actuel provoque une flambée des prix à la production. Pour l’instant, nous ne voyons pas de risque inflationniste, car les chaînes logistiques devraient revenir à la normale d’ici le deuxième semestre.
